Afin de faire vivre le nécessaire débat politique qui accompagne les élections fédérales, «Le Temps» soumet aux candidats une «Charte de la transition écologique».
Ce texte, élaboré de manière collaborative depuis le mois de mai, comprend un constat et une vision déclinée en dix thèmes. Pour chaque thème, trois mesures concrètes sont proposées. Les candidats ont la possibilité d’indiquer s’ils ne souhaitent pas la soutenir (NON), s’ils souhaitent la soutenir (OUI) ou s’ils sont prêts à lancer personnellement une intervention ou une initiative parlementaire à ce sujet (OUI+).
Ainsi, ils ont l’occasion de montrer et d’expliquer au grand public comment ils se positionnent sur des mesures concrètes de mise en œuvre. Politools, l’association à l'origine de smartvote, a été mandatée pour mettre la charte à la disposition des candidats.
Le texte ci-dessous est une copie à l’identique de la charte envoyée aux candidats, mais ne permet pas de répondre. Les boutons et champs de texte sont inactifs.
Lire également:
– Environnement: la parole est aux candidats
– Une charte pour bousculer le débat politique
Comme l’ensemble des pays, la Suisse doit passer des paroles aux actes en matière de transition écologique. Face à l’urgence de la situation, le temps de l’action est venu et la législature à venir sera décisive.
En tant que candidat-e aux élections fédérales 2019, je reconnais l’urgence de la situation et mon devoir moral d’agir. Les connaissances scientifiques actuellement disponibles nous démontrent clairement que
● le changement climatique est lié à l’activité humaine et constitue une menace pour l’ensemble des pays de la planète, leur économie, leur environnement et le reste de la nature.
● le déclin de la biodiversité s’accélère en Suisse et dans le monde, mettant en péril le fonctionnement des écosystèmes et les nombreux bénéfices qu’en retirent les sociétés humaines.
● de nombreuses ressources naturelles sont surexploitées, entraînant des risques de conflits majeurs.
● les pollutions représentent une menace pour la santé humaine et pour l’environnement.
Si des décisions fortes ne sont pas prises rapidement, les bases même de notre société sont menacées. Nous devons impérativement réduire notre impact environnemental, en Suisse comme au-delà de nos frontières, et mettre en œuvre une transition rapide vers un modèle durable de société. La transition écologique est un défi global qui engage le long terme. Notre responsabilité morale ne s’arrête donc ni aux frontières suisses ni aux préoccupations de la génération actuelle.
Pour faire face à ce défi, l’ensemble de la société doit prendre ses responsabilités. En tant qu’élu-e fédéral-e, je m’engage à travailler de manière coordonnée avec mes collègues au niveau communal et cantonal. Si les décideur-euses politiques ont une responsabilité importante, ils ne peuvent pas tout régler seuls. Les choix des acteurs économiques et les comportements individuels des consommatrices et consommateurs doivent favoriser la transition écologique. Agir simultanément à ces différents niveaux nous permettra de faire la différence.
Durant la législature qui s’annonce, je m’engage à utiliser mes compétences pour réaliser une vision de la Suisse à la fois cohérente avec ses valeurs et ambitieuse dans ses objectifs.
La manière dont nous produisons et consommons nos aliments est étroitement liée à notre identité personnelle et nos traditions. Elle représente aussi un impact majeur sur l’environnement, en Suisse comme à l’étranger. Aux côtés du monde agricole, je veux garantir la qualité et la sécurité alimentaire du pays. Grâce à des informations précises sur les conditions de production, les consommateurs devraient pouvoir faire un choix éclairé au moment de leurs achats. Je veux également une Suisse pionnière dans la lutte contre le suremballage et le gaspillage alimentaire.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Interdire les plastiques à usage unique pour les objets de consommation
– Planifier une sortie progressive des produits phytosanitaires de synthèse
– Demander l’exemplarité des institutions publiques en proposant uniquement viande et poisson respectant un standard de qualité bio et en assurant une offre végétarienne de qualité
Mobilité, travail et loisirs sont liés et doivent être abordés ensemble pour diminuer notre impact environnemental. En tirant profit de nouveaux outils technologiques, je souhaite mieux utiliser les infrastructures de mobilité déjà existantes. Je veux promouvoir une planification du territoire tenant compte du besoin de lieux et d’espaces multifonctionnels, réduisant ainsi la demande de mobilité. Dans cet esprit, des opportunités de travail à distance doivent être testées et encouragées. A l’horizon 2040, nous devons avoir décarbonné notre mobilité.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Promouvoir les moyens de transports sur moyenne distance avec le meilleur impact environnemental, par exemple en améliorant les liaisons ferroviaires nocturnes
– Favoriser des expérimentations en matière de mutualisation des véhicules de mobilité privée afin de préparer l’intégration des voitures autonomes
– Accélérer la transition vers l’électromobilité et les formes de transport sans émission de CO2
La politique énergétique doit être à même de garantir l’approvisionnement du pays et de favoriser l’efficience à tous les niveaux. Elle vise à donner les bons signaux aux acteurs économiques en faisant apparaître le véritable coût des différentes sources d’énergie. Je m’engage pour rendre possible une politique énergétique 100% renouvelable en 2050. En matière climatique, la Suisse doit respecter pleinement ses engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris et viser le plus rapidement possible l’objectif de zéro émissions nettes. Pour atteindre ces objectifs, je m’engage à soutenir la transition de tous les secteurs de l’économie dans leur chemin vers la décarbonisation.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Prolonger et développer les soutiens financiers pour la production d’énergie renouvelable, principalement l’énergie photovoltaïque centralisée et décentralisée
– Exiger que les nouvelles constructions soient chauffées aux énergies renouvelables
– Mettre en œuvre l’exemplarité des institutions publiques dans l’implémentation de standards élevés de sobriété, d’efficience et de production d’énergies renouvelables
Les écosystèmes et la biodiversité représentent les piliers de notre environnement. Nous devons à tout prix prévenir les dangers qui pèsent sur eux. Je m’engage à combattre les différents types de pollution et à prendre des mesures proactives de promotion de la biodiversité, notamment en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme. Je souhaite que les autorités publiques soient exemplaires et que la stratégie biodiversité soit rapidement mise en œuvre. En tant que gestionnaires de territoires, ces autorités doivent être à la pointe des efforts pour promouvoir la biodiversité. En parallèle, notre politique agricole doit fixer des règles qui vont assurer la cohérence de ce programme.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Accélérer les changements de politique agricole afin de réaliser les 13 objectifs environnementaux pour l’agriculture
– Augmenter le nombre et la qualité des zones protégées, selon les engagements pris dans le cadre de la Convention sur la diversité biologique
– Assurer que l’état des cours d’eau s’améliore
Les ressources naturelles dont nous disposons sont limitées et nous devons diminuer leur usage. En réponse, je m’engage à promouvoir une économie plus circulaire. Dès sa conception, le cycle de vie d’un produit doit être pensé comme un tout, avec une vision claire de la transformation d’éventuels déchets en ressources réutilisables. De même, les conditions-cadres de l’activité économique doivent être à même de favoriser les modèles plus circulaires.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Renforcer les dispositions luttant contre l’obsolescence programmée, par exemple en renforçant la responsabilité des producteurs et des distributeurs
– Encourager l’innovation dans la valorisation des déchets de tous types (par ex. métaux, matériel de construction, nourriture, plastiques, tissus)
– Développer une approche cohérente de la transition écologique et de la transition numérique pour optimiser l’utilisation des flux d’énergies et de matières et prévenir les effets rebonds néfastes
Le savoir-faire suisse en matière de finance doit permettre à la Suisse de jouer un rôle clef dans la transition écologique. Les conditions-cadres doivent permettre une transparence accrue sur les engagements substantiels des entreprises. Cette transparence fournit une base solide pour les décisions d’investissement. Les investisseurs institutionnels ont un devoir particulier d’exemplarité. Je souhaite que l’impact environnemental devienne un élément central dans leur prise de décision.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Demander aux investisseurs publics une évaluation régulière des placements sous l’angle ESG (Environment, Social, Governance) ainsi qu’une mesure de l’impact environnemental
– Modifier le devoir fiduciaire des acteurs financiers afin de favoriser l’intégration des enjeux sociétaux et environnementaux dans leurs décisions d’investissement.
– Préciser le mandat de la Banque nationale suisse sur les investissements en adéquation avec les valeurs de la transition écologique
Pour devenir rapidement réalité, la transition écologique a besoin d’outils capables de faire évoluer nos habitudes vers des pratiques plus durables. Pour ce faire, je m’engage à mettre en œuvre des incitations intelligentes. Une partie du montant récolté est investie dans des mesures concrètes de réduction de notre impact (efficacité énergétique du bâti, renouvellement du parc automobile, recherche et développement). L’autre partie est redistribuée à la population. Cette redistribution peut prendre en compte les différences en matière d’infrastructure de transport entre régions urbaines et non-urbaines. La redistribution par le biais de l’assurance-maladie obligatoire permet de donner une dimension sociale à la transition.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Renforcer la taxe CO2 incitative sur les combustibles
– Introduire une taxe incitative sur le carburant
– Introduire une taxe incitative sur les billets d’avion
Pour accompagner et accélérer la transition écologique, l’éducation et la recherche jouent un rôle fondamental. En appui des compétences cantonales en matière d’éducation, je souhaite que la Confédération s’engage clairement pour une éducation à l’environnement et aux défis de la transition. Grâce à des impulsions pour la recherche, le Parlement doit permettre à la Suisse de devenir championne mondiale de la recherche fondamentale et appliquée sur les sujets de la transition écologique. En assurant un dialogue entre toutes les disciplines nécessaires à la réalisation de la transition, nous devons avoir l’ambition d’être l’un des meilleurs laboratoires mondiaux de cette transition.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Accélérer les réformes des cursus de formation en mains fédérales pour promouvoir les compétences de formation à la transition écologique
– Soutenir la recherche et développement et les startups suisses capables de faciliter la transition écologique en Suisse et dans des pays partenaires
– Créer une commission fédérale extra-parlementaire composée d’experts de diverses disciplines et chargée de conseiller les autorités fédérales en défendant les intérêts des générations futures
La transition écologique se joue aussi dans la manière dont nous mesurons et évaluons la réalité. Je souhaite que nous utilisions de manière systématique de nouveaux outils de mesure afin de compléter les mesures actuelles des performances économiques. A l’exemple de l’empreinte écologique ou du bilan carbone, ces outils permettent de mettre en lumière l’impact de nos activités de société. Une fois identifiés, je m’engage à ce que ces impacts soient pris en compte dans nos politiques publiques.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Renforcer la prise en compte d’un standard de durabilité ESG (Environment, Social, Governance) dans les marchés publics
– Analyser chaque modification législative à la lumière de son impact environnemental et communiquer publiquement cet impact
– Développer une évaluation systématique des émissions de gaz à effet de serre générées par la Suisse à l’étranger (émissions grises)
En couplant son expertise technique, sa réputation et la présence des nombreux acteurs de la Genève internationale, la Suisse peut se positionner comme leader et facilitateur international de la transition écologique. Dans le cadre de l’agenda 2030 des Nations-Unies, je souhaite une Suisse qui travaille avec ses partenaires internationaux, Etats, entreprises et société civile. Je m’engage à ce que la Suisse contribue à la réalisation des Objectifs du Développement Durable dans notre pays, mais également en aidant ses partenaires à réaliser la transition écologique.
Durant la législature, je m’engage concrètement à :
– Assurer la cohérence de nos engagements en communiquant de manière transparente sur l’impact écologique de nos accords de libre-échange et d’investissement
– Augmenter la part du PIB dédiée spécifiquement au financement de la transition écologique et aux mesures d’adaptation dans les pays en développement
– Profiter de la réforme de l’aide au développement pour décider d’une stratégie internationale cohérente et ambitieuse, en coordination avec les acteurs de la coopération au développement et de la coopération économique