Le Bol d’Or
Une épopée technologique

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La 79e édition du Bol d’Or Mirabaud se déroulera ce samedi au départ de Genève. Cette épreuve mythique incarne l’esprit d’innovation qui anime le milieu de la voile lémanique depuis des décennies

Lionel Pittet (Texte)
  •  Photo: Loris von Siebenthal
  •  Vanessa Lam (vidéos)
  •   César Greppin (webdesign)  •   Iconographie: Véronique Botteron

Bol d'Or 2004. Christian Favre est en pleine régate. Tout à coup, une révélation. L’idée, déjà assez précise, d’un bateau inédit. «Je naviguais sur un des D35, qui venaient de faire leur apparition, et je me suis dit qu’il y avait quelque chose d’autre à essayer. Cela m’est venu comme ça, lors de la course. Le lendemain, je me mettais à mon bureau et je commençais à y réfléchir.» Douze mois plus tard, six Ventilo M2 bouclaient le Bol d'Or 2005. Le meilleur d’entre eux, Team Seven, terminait au pied du podium. Un nouveau type de voiliers avait vu le jour sur le Léman.

Des anecdotes comme ça, Christian Favre en a plein la mémoire. Cela fait près de quarante ans qu’il dessine et réalise des prototypes. Qu’il imagine de nouvelles pièces. On lui dit qu’il est fou, qu’il va trop loin, mais il s’obstine. Et souvent, ça marche. A 68 ans, il a derrière lui une longue liste d’inventions, mais seule la prochaine fait pétiller ses yeux de curiosité. Il incarne parfaitement l’esprit d’innovation qui habite le milieu de la voile lémanique.

VIDÉO. Christian Favre, concepteur naval depuis près de quarante ans, évoque les voiliers qu’il a imaginés et ses prochains projets.

Le Bol d'Or Mirabaud vivra sa 79e édition samedi. Plus de 500 embarcations s’élanceront de Genève, puis y reviendront entre cinq et trente heures plus tard, après avoir viré au Bouveret. Le Léman d’un bout à l’autre, et retour. «Un Bol d'Or, c’est potentiellement très long, décrit le président du comité d’organisation, Rodolphe Gautier. A quelques rares exceptions dans l’histoire, il y a forcément pendant la course un moment où les airs tombent et où le régatier a le temps d’observer son bateau et de se dire: «Tiens, ça, je pourrais peut-être l’améliorer en vue de l’année prochaine.»

Des équipages quasiment à l’arrêt sur un plan d’eau qu’ils doivent parcourir le plus vite possible. Calme plat sur l’eau, tempête dans les crânes. Comme la chute d’une pomme a inspiré la loi de la gravitation universelle à Isaac Newton, la méditation contrainte a mené les navigateurs lémaniques sur le chemin d’une épopée technologique commencée en 1939 et toujours en cours aujourd’hui.

Mirabaud et la voile: une passion plus que centenaire

Fondé à Genève en 1819, le Groupe Mirabaud associe depuis plus d’un siècle son nom à celui de la voile de compétition ainsi qu’à des navigateurs et des défis d’exception.
La première preuve tangible de l’existence d’un voilier de course appartenant à la famille Mirabaud date de 1888. Le groupe bancaire et financier soutient le Bol d’Or Mirabaud depuis 2005.

Au fil du temps et de l’eau, Mirabaud s’est forgé un nom dans la voile en parfaite résonnance avec son activité : réunir autour d’objectifs communs des personnalités de talent. Le Groupe s’engage à soutenir des projets et des personnalités qui incarnent la performance et l’excellence, des valeurs qui lui sont chères.

Bol d’Or Mirabaud, douze ans de partenariat actif
Mirabaud est sponsor du Bol d’Or Mirabaud depuis 2005. Lors de chaque régate, il affrète trois bateaux de type «Surprise» et invite ses collaborateurs à former des équipes et à s’aligner au départ de la course. Ils ont inscrit plusieurs fois leur nom au palmarès.

Un partenaire engagé pour des sportifs de haut niveau
Mirabaud a soutenu durant trois ans (2014-2016) l’écurie professionnelle de course à la voile Spindrift racing, vainqueur notamment en 2016 du Bol d’Or Mirabaud et du D35 Trophy sur le D35 Ladycat. Le Groupe a également soutenu le navigateur genevois Dominique Wavre durant sept ans (2010-2016), notamment lors de la Barcelona World Race (2010-2011), la Transat Jacques Vabre (2011) et le Vendée Globe (2012). Quant à Mike Horn, il a effectué différents périples extrêmes à la voile sous les couleurs du Groupe.

Mirabaud en bref
Mirabaud propose à ses clients des services financiers et des conseils personnalisés dans trois domaines d’activité: le Wealth Management, l’Asset Management et le Brokerage. Le Groupe emploie quelque 700 collaborateurs et compte 14 bureaux en Suisse, au Royaume-Uni, au Luxembourg, en France, en Espagne, en Italie, au Canada, à Hong Kong et aux Emirats arabes unis.

Pour plus d’informations, veuillez consulter le site www.mirabaud.com.

Du bois au carbone

Les bateaux étaient en bois, leur unique coque lourdement immergée dans l’eau. Ils sont désormais taillés dans les matériaux les plus perfectionnés, de plus en plus légers et depuis quelques années, certains volent littéralement au-dessus de la surface. Mais au-delà des révolutions techniques, Rodolphe Gautier distingue une continuité à travers les âges de la voile lémanique: «Lorsque les fondateurs du Bol d’Or ont lancé l’idée d’un tour du lac, leurs premiers défis étaient de tenir la distance, puis de raccourcir la durée de l’effort. Pour les relever, s’ils avaient un mât en épicéa, ils se disaient qu’ils essaieraient l’année suivante avec un mât en sapin, plus léger. La démarche reste la même depuis.»

Rodolphe Gautier, président du comité d’organisation du Bol d’Or Mirabaud, présente les favoris de la 79e édition.

Les décennies n’ont pas endormi l’instinct pionnier des navigateurs, même si la sophistication de la technologie complique le processus. «Aujourd’hui, avec les nouveaux matériaux, on ne peut plus fonctionner de manière simplement empirique en testant les choses. Pour arriver à une nouveauté, il faut beaucoup de calculs, de tests et, forcément, cela coûte très cher et cela prend du temps à mettre au point», décrit le président de l’épreuve, lui-même régatier et passionné par la course à l’innovation.

L’ambition fondamentale n’a pas dérivé. Il s’agit toujours de dompter ce Léman aux deux visages opposés, Janus de la navigation. Comme tous les lacs, il peut imposer des conditions désespérément calmes mais sa taille importante et les montagnes qui l’entourent savent également générer des vents redoutables.

Pour être performant, le bateau doit être assez lourd pour tenir le cap lorsque les airs se lèvent et suffisamment léger pour capter la moindre brise lorsqu’ils retombent. L’équation lémanique se résout par la polyvalence, tout le monde le sait. Mais elle est suffisamment complexe pour, depuis des décennies, tenir tout un monde en haleine.

Du Léman vers l’infini

Trois facteurs se conjuguent pour que la quête ne s’essouffle pas. Il y a d’abord une épreuve mythique. Plus importante régate du pays – et du monde sur un plan d’eau fermé – le Bol d′Or Mirabaud offre à ses héros un prestige sans pareil. Il y a ensuite dans tout l’Arc lémanique des passionnés de voile aisés et prêts à investir pour gagner. Il y a enfin un petit monde de constructeurs et d’ingénieurs capables d’amener, encore et encore, de nouvelles idées pour améliorer les performances des bateaux. «Un rêve, des gens qui peuvent le réaliser et d’autres prêts à régler la note: il y a tout cela ici et c’est assez unique, décrit Rodolphe Gautier.

Bien sûr, en matière de voile, la Coupe de l’America canalise les budgets les plus importants et se fait le principal théâtre de la nouveauté. Mais, toutes proportions gardées, le Bol d’Or répond d’un microcosme comparable.»

Mieux, certaines innovations sont vraiment venues du Léman avant de convaincre la planète voile. Nombre d’entre elles ont germé dans le cerveau de Christian Favre. L’homme travaille à un simple bureau installé dans le hall d’entrée de son appartement, au centre-ville d’Aubonne. Les pièces qu’il dessine sur son ordinateur sont produites ailleurs, la plupart du temps à l’étranger. Mais longtemps, il pouvait tout faire lui-même dans son chantier naval. C’est ainsi que le tout premier mât en carbone fut pensé, dessiné et réalisé au bord du Léman.

Christian Favre raconte l’histoire. «Philippe Stern avait remporté le Bol d’Or 1985 sur Altaïr XI et il a eu cette idée, passer à un mât en carbone. Il a contacté des gens qui lui ont dit qu’ils n’avaient aucune idée de comment faire cela, qu’ils ignoraient comment faire les calculs. Puis, Philippe Stern m’en a parlé et moi, éternel optimiste, j’ai dit: «OK, pas de problème.» J’ai fait tous les calculs. Le projet était prêt. Mais j’ai eu beaucoup de peine à annoncer mon prix: il y en avait pour 90 000 francs. J’étais jeune, je n’osais pas le dire, surtout qu’à ce stade je n’avais même pas un bout d’un mètre à montrer. Mais cela n’a pas posé de problème. L’année suivante, Altaïr XI remportait le Bol d’Or avec le premier mât en carbone du monde.» Il y en a aujourd’hui encore sur tous les voiliers de course.

Une histoire de révolutions

L’histoire de l’innovation vélique sur le Léman s’est aussi écrite par à-coups, au rythme de l’émergence de nouveaux types de bateaux.

1939-1969: le règne des monocoques
Les trois premières décennies du Bol d’Or sont dominées par les bateaux de la Jauge internationale, les 6 mètres JI d'abord – «des bateaux olympiques redoutables», glisse Rodolphe Gautier – puis par les 8 mètres JI. Ces voiliers sont plus grands, plus lourds, plus chers. «Il s’agissait de faire au mieux dans une jauge donnée. C’est le début de la course à l'innovation mais les bateaux ne sont pas encore typés Léman», explique le président de l'organisation de la course.

Années 1970: nom de code, Toucan
En 1971, Pierre Noverraz et André Fragnière, des locaux, dessinent un voilier qui va régner sur le Bol d’Or pendant une décennie: le Toucan. Ce monocoque occupe une place toute particulière dans l’histoire. Pour Christian Favre, sa conception ouvre l’âge d’or de l’innovation vélique sur le Léman. «Il a été spécialement dessiné pour le lac. Avant le Toucan, les bateaux étaient lourds; celui-ci se faisait beaucoup plus léger, plus étroit, avec un bon rapport de lest.»

En haut, le Toucan, pur produit lémanique. (© DR). En bas: en 1985, Altaïr XI (Philippe Stern et Philippe Dürr) est le premier catamaran à remporter le Bol d’Or (© Yves Ryncki)

Années 1980: les multicoques gagnent la bataille
Jusque-là, le Léman était le terrain de jeu des monocoques. C’est à cette période que déferlent les multicoques. «Un moment d’histoire passionnant en termes d’innovation, car on ne savait pas qui remporterait la bataille sur le lac», estime Rodolphe Gautier. Très vite, les «multis» classent l’affaire. Philippe Stern gagne avec Altaïr IX en 1980. En 1982, il divise par deux le temps réalisé par un monocoque de type Améthyste en 1981. Dans les années 1980, le Bol d’Or accueille également une flotte de F40 océaniques qui ont été rachetés et modifiés pour mieux répondre à l’équation lacustre. On dit alors qu’on les «lémanise». Mais ce sont bien les embarcations pensées dès le départ pour les conditions locales qui se révèlent les plus performantes.

Avec Alinghi V, Ernesto Bertarelli a mis au point le voilier ultime. Il ne sera jamais battu (© Keystone)

Jusqu’en 2003: la course à l’armement
La course est aussi engagée sur le plan de l’innovation que sur le plan d’eau. Happycalopse, Altaïr, Khamsin, Alinghi: les bateaux stars se relaient dans les annales; leurs propriétaires surenchérissent pour aller plus loin. Ils ne sont plus qu’une poignée à rivaliser pour la victoire lors du Bol d’Or annuel; les autres n’ont pas les moyens d’être dans le coup. Et puis, soudain, c’est comme s’il n’y avait plus qu’un seul bateau capable de gagner. En 2000, le catamaran Alinghi V – imaginé par les architectes Sébastien Schmidt et Jo Richards – fait son apparition et s’impose. Il ne sera jamais battu. «Personne n’a relevé le défi Alinghi sur le lac, dit Philippe Cardis, quadruple vainqueur du Bol avec Happycalopse, en 2003 dans Le Temps. Il a mis la barre tellement haut qu’il n’existe plus de joueur capable de surenchérir.»

Depuis 2004: l’innovation éthique
Pour réintroduire un intérêt sportif au Bol d’Or, les principaux propriétaires de bateaux scellent une sorte de pacte. Ils s’entendent pour retirer de la circulation leurs Formule 1 et lancer une nouvelle série monotype contrôlée, les D35. «D» pour Décision, le nom du chantier naval dont le bateau est issu; «35» pour la longueur du voilier, en pieds. «Puisque c’était un projet souhaité par les principaux intéressés, l’organisation a accepté de modifier son règlement afin de réduire de 40 à 35 pieds la taille maximale des multicoques autorisés à disputer le Bol d’Or», contextualise Rodolphe Gautier. De l’innovation éthique: avec plusieurs voiliers identiques sur la ligne de départ, l’épreuve replace les performances des équipages au centre; avec une taille maximum raisonnable, elle laisse la porte ouverte à de nouveaux bateaux innovants à des prix moins rédhibitoires. Mais les statistiques montrent que les concepteurs des D35 ont visé juste: leurs voiliers ont remporté douze des treize dernières éditions du Bol d’Or.

VIDÉO 360°. Embarquez à bord du D35 Ylliam - Comptoir immobilier, lors de la régate Genève-Rolle (Si la vidéo ne fonctionne pas, cliquez ici)

La révolution des foils

Un même modèle de bateau triomphe aujourd’hui depuis plus d’une décennie. L’esprit d’innovation lémanique s’est-il endormi? «L’avènement des D35 l’a peut-être un peu bridé, sourit Christian Favre. C’est le problème des séries qui marchent fort.» Les régatiers lémaniques ont ainsi observé un peu à distance la dernière révolution vélique en date: l’arrivée des bateaux à foils (sorte d’ailes immergées), qui volent littéralement au-dessus de l’eau. «Ces bateaux peuvent naviguer une fois et demie plus vite que les autres, mais ils ont encore besoin de 9 à 10 nœuds de vent et sur le Léman, il y a souvent moins que ça. Se lancer dans le développement, cela coûterait très cher. Alors, quelque part, les propriétaires de bateaux attendent que la recherche évolue. Quand 5 nœuds de vent suffiront pour faire voler un bateau, les gens du Léman reviendront à l’avant-garde. La seule inconnue, c'est quand», estime Rodolphe Gautier. Figure d’Alinghi et donc de l’innovation lémanique, Ernesto Bertarelli est convaincu que l’avenir passe par là. «Un jour, un bateau à foils gagnera le Bol d’Or», assurait-il au Temps l’hiver dernier.

Quand cinq nœuds de vent suffiront pour faire voler un bateau, les gens du Léman reviendront à l’avant-garde
RODOLPHE GAUTIER, président du Bol d'Or Mirabaud

Christian Favre, lui, veut forcer le destin. Avec Jean Psarofaghis, un autre architecte naval réputé, il a créé la société V2 Factory pour développer un modèle de bateau à foils relevant le défi lémanique. L’idée: une pièce articulée qui reste une dérive classique dans les petits airs et se mue en foil lorsque le vent se lève, permettant ainsi au bateau de voler. «Le bateau, de 28 pieds, est fini, mais il reste beaucoup d’essais à mener pour que le système fonctionne, explique Christian Favre. Le but? Pouvoir en faire une série…»

Et ringardiser le D35 sur le Bol d’Or, voué à devenir une course de bateaux volants? Le monde de la voile est partagé entre excitation et réserve, comme l’explique Bertrand Demole, propriétaire du D35 Ylliam – Comptoir Immobilier.

VIDÉO. Bertrand Demole, propriétaire du D35 Ylliam – Comptoir Immobilier, explique ses réserves quant à l’arrivée de bateaux à foils sur le Bol d’Or

«Bien sûr, tous les régatiers suivent de près ce qu’il se passe à la Coupe de l’America, les évolutions. Mais concourir sur un bateau volant, c’est tout autre chose que sur un voilier classique, ce n’est plus le même sport», estime-t-il. Du côté de l’organisation, on observe la manœuvre. «On nous a même demandé d’interdire les foilers, glisse Rodolphe Gautier. Mais ce n’est pas la vocation du Bol d’Or. Celui qui veut venir avec son bateau complètement fou qui peut voler à 2 nœuds de vent pour l’essayer, il doit pouvoir le faire. On veut laisser toute latitude à l’innovation.» Cette année, il y aura une demi-douzaine de foilers répartis parmi les trois classes de multicoques.

L'autre Bol d'Or

Cette course (technologique) dans la course n’est pas l’affaire de tous. Le Bol d’Or de Bénédict Devaud – qui y participe depuis 1974, année de ses 6 ans – est bien différent. A la barre de son Grand Surprise, il vise le top 10… au sein de sa classe. «Nous sommes une quarantaine de Grand Surprise. Ce qui est intéressant, c’est que les bateaux les plus rapides du Bol d’Or partent rapidement et on ne les voit plus; les plus lents demeurent loin derrière et on ne les voit plus non plus. Du coup, nous nous retrouvons avec une régate intéressante entre nous. C’est une belle bagarre tactique.»

Que des bateaux ultra-perfectionnés se tirent la bourre loin devant pour la victoire en temps réel ne le perturbe pas plus que ça. «La magie du Bol d’Or, c’est cette cohabitation entre quelques navigateurs professionnels et l’immense majorité d’amateurs plus ou moins éclairés. Mais vous savez, le Bol d’Or, c’est plutôt nous, au final. Si les D35 boudent parce qu’un point de règlement change, cela ne fera jamais que dix bateaux de moins au départ… Mais il est clair que les lettres de noblesse de l’épreuve viennent de cette élite et nous en profitons aussi. Les meilleurs bateaux motivent des sponsors, qui permettent à l’organisation de soigner la qualité de l’accueil pour tous. Sur le Bol d’Or, chacun possède sa place.»

Samedi, ils seront des centaines sur la ligne de départ. Quelques-uns viseront la victoire en temps réel. La plupart, un bon résultat au sein de leur catégorie. Tous, des instants de bonheur entre l’adrénaline des grands airs et la méditation du petit temps. L’un ou l’autre retrouvera peut-être la terre ferme avec, en tête, l’idée qui révolutionnera la navigation sur le Léman.