GRAND FORMAT. Voyage en Erythrée

VOYAGE EN ÉRYTHRÉE


Un reportage photo de Stéphanie Buret

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24 mai 1991. Fin de la guerre de l'Erythrée avec l'Ethiopie. Deux ans plus tard, la communauté internationale reconnait l'indépendance de cette ancienne colonie italienne. Issayas Afewerki en devient le président.

Adulé, considéré d'abord comme le libérateur, il met en place un régime autoritaire et violent, avec parti unique et absence d'élections.

Une petite Corée du Nord africaine.

VOIX DE STÉPHANIE BURET

Certains estiment que le régime est en train de s'ouvrir progressivement

La Suisse, qui accueille une importante communauté érythréenne, n'a elle renvoyé aucun requérant d’asile dans son pays d'origine...

...consciente des risques encourus.

Les Erythréens arrivent depuis 2007 en tête des requérants d'asile en Suisse, 9'966 sur les 39'523 personnes qui ont déposé une demande d’asile en 2015.

Divers rapports onusiens critiquent la situation des droits de l'homme en Erythrée. Le régime d'Asmara tente régulièrement de redorer son blason en invitant des délégations étrangères.

Comme une jolie carte postale jaunie, la vie quotidienne est restée fidèle à l’époque coloniale italienne, ici à Massawa sur la côte.

Tous les dimanches, un culte en italien est donné au sein de la grande cathédrale d’Asmara, la capitale.

Deux religions cohabitent dans le pays, l'Islam et le Christianisme, à part égales.

Le régime n'accorde, lui, aucune place à l'individu.

Si dans les pharmacies, les soins médicaux sont gratuits pour tous, comme dans la plupart des pays communistes...

...la situation économique est dramatique.

Aujourd'hui, la jeunesse rêve d'ailleurs.

L'influence italienne est encore présente dans la capitale, et la nostalgie de cette «Dolce Vita» est très présente chez les plus anciens.

Le pays vit en vase clos. Les Erythréens sont peu souvent confrontés aux touristes, rares. Des régions entières du pays restent inaccessibles.

Le pays a traversé plusieurs guerres et les vestiges sont visibles, ici, un char. La première guerre d'indépendance contre l'Ethiopie a duré de 1961 à 1991. Une nouvelle guerre éclate en 1998.

Selon Amnesty International, plus de 10'000 prisonniers politiques ont été arrêtés arbitrairement et détenus sans jugement dans des conditions «atroces».

Le peuple erythréen est très fier de son histoire.

L’affiche «Glory to our martyrs» est visible partout. Mais 5000 Erythréens fuient chaque mois le pays, selon le HCR.

Dans l'armée, les déserteurs sont nombreux.

Ils fuient le «service national» obligatoire et sans fin, où les jeunes peuvent être enrôlés dès l'âge de 18 ans.

Le 1er août 2015, le premier cycliste érythréen qui a participé au Tour de France, Daniel Teklehaimanot, est fêté dans son pays

Des moments de joie et de fierté rares dans un pays où les libertés sont brimées.

Ces femmes travaillent ici dans une usine de fabrication de piment rouge à Asmara. Dans des conditions sanitaires difficiles.

Les moyens de transports restent vétustes. Les voitures sont presque inexistantes, contrairement aux ânes. Avant la guerre, le port de Massawa était l’un des plus importants de la Mer Rouge.

Aujourd'hui, l'Erythrée est le cinquième pays le plus pauvre au monde et son économie est exsangue.

Les Erythréens qui ont réussi à fuir n'affichent pas ouvertement leur opposition au régime.

Ceux qui reviennent en vacances ou pour affaires restent donc discrets.

Le régime tient sa diaspora d'une poigne de fer. Une taxe de 2% sur le revenu, le fameux «impôt révolutionnaire», est prélevé sur les Erythréens de l'étranger.

Pour les opposants, les prisons, certaines souterraines, restent inaccessibles et interdites, même au CICR.


Crédits

Reportage photo: Stéphanie Buret (lire son portrait)

Textes et légendes: Valérie de Graffenried

Iconographie: Véronique Botteron

Réalisation: Jean Abbiateci

Code: NPR-Apps / Licence MIT

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