SYRIE. Cinq ans dans l'enfer de la guerre




SYRIE


2011-2016.
Cinq ans dans l'enfer de la guerre

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En Syrie, plus de 260 000 personnes ont perdu la vie depuis 2011.

La moitié de la population du pays a fui...

15 mars 2011

Jour de colère

Le 15 mars 2011, de grandes manifestations pacifiques sont organisées contre la corruption et pour la démocratie à Homs, Hama, Damas et Deraa.

L'arrestation et la torture d'une quinzaine d'adolescents de Deera cristallise la colère. Leur crime: être les auteurs d'un graffiti intitulé «Votre tour est venu, docteur» adressé au Président Bachar El-Assad.




«Oubliez vos enfants et allez retrouver vos femmes. Elles vous en donneront d'autres.»

Réelle ou pas, cette déclaration du gouverneur de la ville met le feu aux poudres.

Le 23 mars, plusieurs personnes sont tuées par la police à Deraa, dont une fillette de 11 ans.

Bachar el-Assad organise la riposte.

Il fait défiler ses partisans dans plusieurs villes, comme ici à Damas.

Les Syriens rêvent d'un printemps arabe. Ils vont connaître la poigne de fer sanglante d'Assad.

2011-2012

Lignes de front

L’armée intervient avec ses tanks et ses chars en mai 2011. En juillet, des centaines de manifestants sont tués après une immense manifestation à Hama.

Pour faire face, le Conseil national syrien, dominé par les Sunnites, voit le jour en septembre 2011 pour fédérer une trentaine de groupes d’opposition.


Le pays se fracture.

La Russie, la Chine et l’Iran soutiennent Bachar el-Assad. La Ligue arabe et de nombreux pays occidentaux dont les Etats-Unis se rangent du côté de la rébellion.

L’Armée syrienne libre rassemble des militaires déserteurs de l'armée d'Assad. Basée à Alep, elle est au début du conflit la première force d'opposition.

Elle organise un attentat spectaculaire contre une base militaire près de Damas. Le régime se tourne contre Homs, «capitale» des rebelles.

En juillet 2012, les rebelles lancent la bataille de Damas, et parviennent à s’installer dans des quartiers périphériques.

Ils se lancent aussi à la conquête d’Alep.

L’ONU accuse les rebelles d’avoir commis des crimes de guerre en exécutant des soldats loyalistes en captivité.

2012

Les djihadistes

En mars 2012, Damas semble accepter le plan de paix établi par Kofi Annan au nom de l'ONU et de la Ligue arabe. Mais rien ne change...

En juin, début du «Processus de Genève»: le départ d'Assad et une transition politique sont actés, sans en préciser les modalités.

Sur les fronts, les groupes djihadistes hostiles à Assad montent en puissance...


En janvier 2012 apparaît le Front al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda.

En mars, le leader d’Al-Qaïda Al-Zahawahiri appelle les islamistes à rejoindre le combat contre le régime.

L’État islamique en Irak, présent depuis 2012, commence à s'étendre en Syrie et se rebaptise Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL).

La rivalité entre djihadistes éclatera au grand jour en 2013. Le Front al-Nosra refusera de faire allégeance à l’État islamique en Irak et au Levant.

Le Hezbollah enverra de son côté ses militants combattre avec les forces gouvernementales.

L'Iran lui soutient directement le régime d'Assad via l'envoi de soldats.

2013

Crise humanitaire

Bachar el-Assad prône un «dialogue national» mais refuse de négocier avec «des gangs qui prennent leurs ordres de l'étranger».

Dans les villes, les biens et services de toute première nécessité – nourriture, médicaments, eau et électricité - sont rares. La situation humanitaire est dramatique.


La guerre a déjà fait 100 000 morts.

Dans les villes syriennes comme ici Homs, il n'y a plus d'électricité ni d'eau courante. Les bombardements sont quotidiens.

Homs finira par tomber aux mains du régime en mai 2014.

Août 2013. Le régime veut reprendre la Ghouta, une banlieue de Damas tenue par l'Armée Syrienne Libre.

Les affrontements font près de 1 500 morts. L’armée est alors accusée d'avoir utilisé des armes chimiques et du gas sarin. Damas dément.

Finalement, Damas acceptera de détruire son arsenal chimique, après une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU, une première depuis le début de la guerre.

C'est dans ce contexte violent que s'ouvrent les négociations de «Genève 2» en janvier 2014. Le régime et l'opposition échouent pour trouver un «règlement pacifique» au conflit.

Au même moment sort le dossier César. 50 000 photographies racontent la torture et les exécutions pratiquées dans les prisons syriennes par le régime d'Assad.

2014

Rester ou fuir

En juin 2014, l’État islamique s’empare en Irak de Mossoul et annonce l'établissement d'un califat sur les territoires syriens et irakiens qu'il contrôle. A Raqqa, l’État islamique commence ses sanglantes exécutions sur Internet.

L’Etat islamique lance aussi une attaque sur l’enclave kurde de Kobané, à la frontière turque. Des milliers de civils fuient déspérement la violence et la mort...


2,3 millions de Syriens se sont déjà réfugiés en Turquie, en Irak, au Liban ou au Jordanie, comme dans l'immense camp de Zaatari.

Ces pays d'accueil sont dépassés par l’afflux de réfugiés.

Les organisations internationales crient au désastre humanitaire.

Avec l'arrivée des réfugiés, l'Europe va découvrir un conflit qu'elle croyait très éloigné de chez elle.

En 2015, plus de 1,2 million de migrants, principalement des Syriens, déposeront une demande d'asile dans l'Union européenne.

Quant aux Syriens restés dans leur pays, ils tentent de continuer à travailler dans les usines, les ateliers, les banques et les magasins.

Dans la banlieue de Damas, dans une zone contrôlée par les rebelles, un homme travaille dans une usine de fabrication de gazes médicales

La Banque Centrale de Syrie à Damas continue de fonctionner malgré tout.

Les volontaires de la défense civile posent ici pour un selfie à Alep.

Dans une usine d’armement de l’Armée syrienne libre, à Alep, un petit garçon fabrique un missile artisanal.

2015

Offensive russe

Depuis septembre 2014, les américains bombardent l’État islamique, avec l‘appui de la Jordanie, de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis. Ils seront rejoints par la France en novembre 2015.

Mais la Russie entre dans le jeu...

En janvier, les combattants kurdes syriens reprennent la ville de Kobané à l’État islamique et deviennent le symbole de la lutte contre les djihadistes.

La ville située à la frontière turque est largement détruite.

Le Front al-Nosra, Ahrar al-Sham et d'autres milices rebelles se rassemblent dans une alliance, l'Armée de la conquête.

Elle est composée de 30 000 hommes et soutenue par l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie.

En septembre 2015, alors que les forces loyalistes contrôlent moins d’un tiers du pays et que l’opposition est aux portes de Damas...

... la Russie intervient directement dans le conflit en lançant ses premières attaques aériennes en appui au régime, contre les zones contrôlées par les rebelles.

La région de Homs est particulièrement touchée.

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Cette alliance s'incarne lors de la spectaculaire visite de Bachar el-Assad à Moscou, son premier voyage à l’étranger depuis le début de la guerre en 2011.

Fin 2015, la guerre a fait 250 000 morts.

Et la violence s'exporte désormais. Des attaques revendiquées par l’Etat islamique font 129 morts à Paris.

Ces attentats, ici en février en Turquie, symbolisent l’extension du champ de bataille au-delà des frontières syriennes.

2016

La parole à la diplomatie

Une trêve entre en vigueur fin février, parrainée par les Etats-Unis et la Russie, qui exclut l’Etat islamique et le Front Al-Nosra.

14 mars. Début à Genève des négociations pour une transition politique en Syrie. Vladimir Poutine annonce qu'il retire ses troupes de Syrie.

Aucune solution de paix n'est encore d'actualité aujourd'hui.


Crédits

Photo: Reuters, AFP, Keystone, AP, SANA Agency

Textes et légendes: Catherine Frammery et Etienne Dubuis

Iconographie: Marc Sauser-Hall et Véronique Botteron

Réalisation: Jean Abbiateci

Code: NPR-Apps / Licence MIT